Profession d’Ostéopathe : une situation démographique et socio-économique toujours préoccupante

En janvier 2024, nous partagions avec vous, dans une news, notre profonde inquiétude quant à la situation démographique et socio-économique des ostéopathes. En effet, entre une croissance démographique rapide et des revenus professionnels faibles, les chiffres ne laissaient guère de place à l’optimisme. Aujourd’hui, en 2025, il apparaît malheureusement qu’aucun indicateur ne vient dissiper ces préoccupations.

La réalité socio-économique des ostéopathes aujourd’hui

Les données de l’Union Nationale des Associations Agréées (UNASA) révèlent une légère augmentation du bénéfice moyen pour la profession ainsi que pour les différents quartiles, mais les recettes issues de l’activité ne progressent pas au même rythme. Cette hausse du bénéfice comptable s’explique principalement par une réduction des charges de fonctionnement, les ostéopathes ayant dû s’adapter en réduisant leurs dépenses dans le cadre de leur exercice professionnel et à la hausse des honoraires de consultations pour faire face aux augmentations de charges fixes.

Par ailleurs, cette situation s’accompagne d’une baisse notable du nombre d’adhérents aux Associations de Gestion Agréée (AGA) affiliées à l’UNASA, qui est passée de 4 634 à 3 346. Cette diminution s’explique notamment par une récente modification législative en matière fiscale, réduisant la nécessité pour certains professionnels d’adhérer à une AGA.

Il convient également de souligner qu’il demeure difficile d’obtenir des données fiables sur le nombre exact de professionnels en exercice. Cette difficulté s’explique par la présence de doublons dans le Répertoire Partagé des Professionnels exerçant dans le système de Santé (RPPS) et par l’absence d’obligation de désinscription en cas d’arrêt d’activité.

Néanmoins, les données transmises par la plateforme osteopathes.pro semblent indiquer une augmentation annuelle constante, comprise entre 2 000 et 2 500 nouveaux professionnels autorisés à user du titre.

Enfin, il est important de noter que le nombre d’adhérents aux AGA référencées représente désormais moins de 10 % de la population totale des ostéopathes. Ces chiffres ne peuvent donc plus être considérés comme un reflet fidèle de la réalité de la profession.

Face à cette situation, pourquoi demeurons-nous alarmistes ?

Une progression marquée du régime micro-entrepreneur

Tout d’abord, nous constatons une augmentation significative du nombre d’ostéopathes choisissant le régime micro-entrepreneur.

Si ce statut simplifie les démarches fiscales, il est souvent privilégié par les professionnels en situation précaire, pour lesquels il est difficile de collecter des données fiables sur leurs revenus réels.

S’il est difficile d’évaluer exactement le nombre d’ostéopathes sous le statut d’auto-entrepreneur, la CIPAV indiquait en octobre dernier 6 236 ostéopathes exerçant sous ce statut et 12 376 ostéopathes exerçant sous le régime libéral du BNC soit un total de 18 705 professionnels ostéopathes actifs : cela représente 33,3% de la population des ostéopathes non professionnels de santé, ce qui représente une augmentation conséquente au sein de cette population depuis le rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) qui indiquait 23.6% d’auto-entrepreneurs au 1er janvier 2022.

Par ailleurs, ce régime complique l’accès aux aides financières, notamment lorsqu’il s’agit d’obtenir un crédit.

Une augmentation des reconversions et activités complémentaires

Nous constatons un nombre croissant d’ostéopathes qui recherchent une activité complémentaire, voire envisagent une reconversion professionnelle, souvent rendue complexe par l’absence d’équivalence du diplôme d’ostéopathe. Ces démarches de reconversion interviennent de plus en plus fréquemment après une durée d’exercice prolongée, ce qui ajoute aux difficultés rencontrées par les professionnels en début de carrière des situations d’épuisement professionnel de plus en plus marquées, liées à l’instabilité de leur activité.

Un défi croissant pour l’accès aux soins en France

Nous redoutons que la conjoncture socio-économique et politique actuelle en France, marquée par de nombreuses incertitudes, limite l’accès d’une part croissante de la population à des soins non couverts par la sécurité sociale, malgré la prise en charge partielle offerte par de nombreux organismes complémentaires.

Face à cette situation, quelles sont les actions d’Ostéopathes de France ?

Informer pour mieux préparer les futurs ostéopathes

Tout d’abord, il nous paraît essentiel d’alerter sur cette situation. Nous voulons que chaque étudiant, chaque étudiante qui s’engage dans ce cursus le fasse en toute connaissance de cause, pleinement informé(e) des défis qu’il ou elle pourra rencontrer à son entrée dans la vie professionnelle.

Améliorer les critères pour garantir l’excellence en formation

Nous souhaitons renforcer les critères d’agrément des établissements de formation en ostéopathie ainsi que les standards de formation et de diplomation. Nous visons également la mise en place d’un outil fiable garantissant le respect systématique de ces exigences, notamment en pratique clinique, dans le domaine de la recherche, et par la mise en place d’un examen national sanctionnant la fin des études. Ces mesures permettront d’assurer une pratique sécurisée et de qualité, conforme aux attentes légitimes des patients qui nous font confiance. Elles contribueront également à renforcer la place de l’ostéopathie dans le parcours de soins de nos concitoyens.

Par ailleurs, nous encourageons tous les établissements de formation à adopter une démarche “ostéo responsable”, en adaptant leur capacité d’accueil à la réalité du marché, à l’instar de certaines formations qui l’ont déjà mis en œuvre.

Faciliter les démarches administratives pour garantir un accès serein aux soins

Nous souhaitons également faciliter l’accès aux soins d’ostéopathie pour le plus grand nombre. À cet effet, nous collaborons avec Medsmart pour simplifier la télétransmission des notes d’honoraires.

Cet outil améliore l’expérience des patients en allégeant leurs démarches administratives et rassure également les mutuelles en garantissant l’authenticité des factures et la légitimité des professionnels émetteurs, contribuant ainsi à la lutte contre la fraude et à la réduction des coûts.

Ce constat souligne l’urgence d’adopter de nouveaux textes réglementaires pour notre profession, demande que nous réaffirmons à chacune de nos rencontres avec les représentants des administrations et du Ministère.

Le Conseil d’administration

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