“L’ostéo”, nouveau Dieu de nos existences modernes

Il est des textes qui ne peuvent nous laisser insensibles, indifférents. La chronique “L’ostéo”, nouveau dieu de nos existences modernes rédigée dans l’express par Julia De Funès est de ceux-là.

L’ostéopathie y est décrit comme un guide indispensable pour de nombreux patients, capable de déceler des (?) au toucher prophétique capable de “déceler des correspondances insoupçonnées”.

Si cette description baroque met en exergue certaines dérives sur lesquelles il convient de ne pas fermer les yeux, il nous apparaît nécessaire de demeurer factuels.

Les ostéopathes obtiennent un diplôme au bout de 5 années de formation au cours desquelles ils apprennent l’anatomie, la physiologie, la sémiologie, souvent enseignées par des professionnels de santé, si ce n’est des médecins. Les bases fondamentales et servant de socle à l’exercice sont souvent solides et communes à celles de professionnels de santé. Les ostéopathes sont également de mieux en mieux formés à la recherche, discipline qu’ils sont de plus en plus nombreux à embrasser après le diplôme.

Alors oui, des éloignements de ces bases, teintées de fantasmes et d’ésotérisme, peuvent malheureusement encore se voir ici ou là, constituant des dérives contre lesquelles il convient de s’opposer. Mais essentialiser la pratique à ces dérives et ses origines revient à essentialiser toute pratique thérapeutique à ses charlatans tout en faisant fi de ses références sérieuses.

Cet article doit également nous amener à nous questionner sur la quête des patients quand ils viennent consulter un ostéopathe.

Il est peu raisonnable, à une heure où les sources d’information sont nombreuses et variées, de penser que les usagers consultent en recherche de “pensée magique” pour la majorité d’entre eux. Ce serait même leur faire injure que de les abolir d’emblée de tout sens critique.

Par contre, la disponibilité des ostéopathes et la durée des consultations permet une approche réellement centrée sur la personne, n’a essentialisant pas cette dernière à son motif de consultation ni à sa région corporelle en souffrance. Cela permet de créer de véritables passerelles entre le care et le cure, tout en laissant s’exprimer chaque patient avec ses valeurs et son système de croyances.

Et si c’étaient ces passerelles que les usagers venaient chercher, dans une société où l’hyper technicité et les spécialisations contribuent à laisser de moins en moins de place à l’humain ?