L’Académie Nationale de Médecine met un coup de frein à la pratique de la frénotomie linguale chez les nouveau-nés et les nourrissons
Par un communiqué en date du 26 avril 2022, l’Académie Nationale de Médecine s’interroge sur l’augmentation importante de la prévalence de la pratique de la frénotomie et/ou de la frénectomie ces dernières années. Elle rappelle que les dernières revues de littérature sur le sujet concluent au manque d’études scientifiques de qualité sur cette pratique.
L’Académie Nationale de Médecine appelle à la nuance quant à l’utilisation de cette pratique et rappelle les éléments suivants :
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La présence d’un frein de langue antérieur et/ou épais ne constitue pas une indication chirurgicale s’il ne gêne pas la succion.
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L’existence d’un frein de langue restrictif est loin d’être la cause la plus fréquente de douleurs mamelonnaires lors de l’allaitement, ni de son arrêt précoce.
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La nécessité de préciser la définition des freins de langue restrictifs, de l’ankyloglossie et de clarifier les critères diagnostiques.
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La nécessité d’évaluer l’âge optimal de réalisation de la frénotomie ou de la frénectomie, ainsi que du choix de la technique (laser/ciseaux), et de l’intérêt de manipulations ou d’applications de substances sur ou près de la zone incisée en post-chirurgie, ou encore de l’efficacité et de la durée de l’allaitement sur le long terme en post-opératoire la nécessité d’étudier la responsabilité réelle de l’ankyloglossie dans des pathologies comme le reflux gastro-oesophagien, les difficultés de langage, les apnées du sommeil, les coliques, les difficultés orales lors du passage à l’alimentation solide.
- L’existence, bien que rares, de possibles effets secondaires et indésirables potentiellement sévères suite à l’intervention.
Les recommandations de l’Académie Nationale de médecine ainsi que de plusieurs sociétés savantes médicales, chirurgicales, para-médicales sont :
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La frénotomie n’est pas indiquée sur la seule présence d’un frein court et/ou épais en l’absence de difficulté d’allaitement, en raison du caractère invasif du geste et des potentiels effets secondaires.
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En présence de difficulté d’allaitement, la frénotomie devra être décidée en lien avec le médecin traitant et/ou le pédiatre, uniquement après une analyse rigoureuse anatomique et prenant en compte l’état général de l’enfant, devant des troubles fonctionnels sévères affectant la succion déglutition effectuée par des professionnels ayant reçu une formation universitaire ou officiellement agréée en allaitement.
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La frénotomie ne doit être pratiquée qu’en présence d’un frein antérieur court et/ou épais, et après échec des mesures conservatrices classiquement mises en place. Aucun geste intra-buccal n’est nécessaire les jours suivants.
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Des études rigoureuses doivent être réalisées au plus vite pour évaluer les indications, la tolérance et l’efficacité de la frénotomie.
- Favoriser la prise en charge conservatrice par l’accent sur la formation des professionnels et la préparation à l’allaitement
Ces recommandations émises par l’Académie Nationale de Médecine sont fondées sur les données actuelles de la science. Elles doivent donc être connues et suivies par tout professionnel prenant en charge des femmes allaitantes et des nourrissons. En cas de doute, la responsabilité de retenir l’indication chirurgicale revient au corps médical. Il convient donc aux professionnels prenant en charge des femmes allaitantes, des nouveau-nés et nourrissons de faire preuve de la plus grande réserve, en l’état actuel des connaissances, afin de ne pas altérer l’alliance thérapeutique nécessaire entre les parents et l’équipe médicale en charge du choix de l’éventuelle réalisation de ce geste.
Le Conseil d’administration