Réponse d’Ostéopathes de France et du Registre des Ostéopathes de France à la tribune des No Fakemed dans Le Figaro
Face à une nouvelle publication très orientée et sans nuance de la part du Collectif No Fakemed, un collectif auto-proclamé souhaitant décider des professions qui selon eux seraient les seules habilitées à intervenir dans le domaine de la santé, nous avons tenu à réagir de manière conjointe avec le Registre des Ostéopathes de France, sous la forme d’un communiqué commun :
Nous prenons note d’une nouvelle alerte à l’encontre des thérapies complémentaires sous la forme d’une tribune intitulée “Futurs parents et jeunes parents, attention aux dérives pseudo-thérapeutiques” publiée ce dimanche 4 septembre 2022 dans le Figaro par le Collectif No FakeMed, collectif regroupant des professionnels de santé issus de diverses professions médicales, para-médicales et pharmaceutiques.
Cet article alerte sur “certaines médicalisations inutiles et parfois dangereuses pour l’enfant”.
Le champ lexical utilisé dans l’article ne laisse guère planer de doute sur les intentions de ses auteurs: “soit disant thérapeutes sans aucune formation médicale”, “fausses médicalisations inutiles et parfois dangereuses”, “vraie répercussion négative sur votre enfant, son confort, et le vôtre”, “lui imposer des “Fakemeds””.
Nous déplorons une rédaction propagandiste, visant à susciter la peur auprès des lecteurs.
Nous notons également que le terme “médicalisation” n’est pas un terme utilisé par les praticiens en thérapie complémentaire dont l’immense majorité reconnaît ne pas se substituer à une prise en charge médicale. S’il est indéniable que les thérapies complémentaires manquent de validation scientifique et qu’un effort doit être fait en ce sens, les propos tenus par le collectif No Fakemed qualifiant les pratiques complémentaires de “dangereuses” ne sont absolument pas étayés de données probantes.
Par la tonalité injonctive de leurs propos, ils méconnaissent entièrement les valeurs des patients ainsi que leur volonté concernant tout un pan de leur santé telle que définie par l’OMS.
La suite de la tribune cible plus précisément et particulièrement l’ostéopathie, la qualifiant de “dangereuse chez le nourrisson”. Nous notons également que pour le cas de l’ostéopathie, le danger évoqué par le collectif No Fakemed, n’est ni quantifié, ni qualifié. Si nous pensons que les incidents de toute gravité méritent d’être recensés afin de sécuriser au maximum la pratique de l’ostéopathie, les données disponibles à ce jour ne font pas état d’accidents dont la fréquence amène à qualifier la pratique de dangereuse, contrairement aux allégations des auteurs de la tribune.
Les arguments retenus par ce collectif à l’encontre de l’ostéopathie amènent également les réponses suivantes:
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le “Syndrome de Kiss” qui selon eux est utilisé par les ostéopathes pour justifier les manipulations est un argument totalement erroné. Si l’hypothèse du Syndrome de Kiss est avancé par quelques ostéopathes, l’enseignement de ce dernier n’est pas inclus dans la formation amenant au Diplôme d’Ostéopathe selon l’annexe II relatif à la formation en ostéopathie incluse dans les textes légiférant la profession et la formation d’ostéopathe publiés en 2014 et en vigueur à ce jour. Par ailleurs, la SEROPP, société savante œuvrant pour la recherche concernant la pédiatrie et de la périnatalité dans le domaine de l’ostéopathie a émis une analyse claire se positionnant à l’encontre du diagnostic de Syndrome de Kiss.
- le déplacement des os et des organes comme justification des manipulations ne fait pas partie des modèles théoriques sur lesquels se fonde l’ostéopathie.
Nous constatons des arguments caricaturaux, visant à essentialiser une profession réglementée, à des diagnostics déviants sortant du champ de la réglementation de la profession d’ostéopathie et portés par quelques individus qui ne sauraient représenter la population ostéopathique.
Si l’ostéopathie ne peut plus s’exonérer d’une évaluation par la science, qui permettrait d’en préciser les indications, nous ne pouvons que déplorer ces pratiques visant à créer la peur auprès de l’opinion publique sous couvert d’une prétendue dangerosité non documentée.