Décryptage de l’étude LC-OSTEO publiée le 15 mars 2021
Le 15 mars 2021, les résultats de l’étude LC-OSTEO menée au sein de l’AP-HP ont été publiés au JAMA via l’article « Effect of Osteopathic Manipulative Treatment vs Sham Treatment on Activity Limitations in Patients With Nonspecific Subacute and Chronic Low Back Pain. A Randomized clinical trial ».
Dès sa parution, de nombreuses réactions mettant en doute l’efficacité de l’ostéopathie en utilisant les résultats de cette étude, ont été relayées dans différents médias notamment par un communiqué de l’AP-HP, le Quotidien du médecin, ainsi que des médias destinés au grand public tels que Femme actuelle ou par le biais d’une interview du Professeur François Rannou sur France culture…
Nous indiquions, lors d’un précédent communiqué, souhaiter prendre du recul par rapport à ces conclusions et attendre la présentation de l’étude de la part de ses participants.
Celle-ci a eu lieu le jeudi 15 avril 2021 par le biais d’un webinaire animé par le Docteur Chrystelle Nguyen, Médecin de Médecine Physique et de Réadaptation au sein de l’hôpital Cochin, ainsi que Rafael Zegarra-Parodi, Ostéopathe.
La présentation nous a confirmé le sérieux de la méthodologie mise en œuvre pour cette étude de grande ampleur financée par le Ministère des Solidarités et de la Santé. La méthodologie utilisée s’applique à l’évaluation spécifique des interventions complexes non spécifiques. Elle s’appuie sur une analyse des données publiées dans la littérature scientifique.
La question de recherche posée repose sur l’efficacité d’un traitement standard constitué de manipulations ostéopathiques versus un placebo constitué de light touch sans intention de traitement sur une population présentant une lombalgie non spécifique chronique ou subaiguë. Elle ne repose nullement sur l’évaluation de l’efficacité de l’ostéopathie, tel qu’il l’a été affirmé dans les différents médias. Nous nous étonnons de ce fait des conclusions qui y ont été largement véhiculées, détournant les résultats de l’étude sous une formulation pouvant sembler défavorable à l’ostéopathie.
Nous souhaitons dès à présent, rétablir plusieurs vérités en nous appuyant sur les données fondées de la science :
- Des techniques manuelles ostéopathiques (mais également utilisées par d’autres thérapeutes manuels) visant à corriger des dysfonctions ostéopathiques telles que définies dans les Décrets de 2014 ne peuvent à elles seules expliquer l’efficacité de l’ostéopathie dans le contexte de l’étude. L’efficacité de l’ostéopathie n’a, ici, pas été étudiée.
- Une amélioration concernant la limitation des activités, la douleur, la qualité de vie a été constatée au sein des deux groupes
- Au sein des deux groupes, certains patients ont été répondant voire extrêmement répondant au traitement ainsi qu’au placebo et d’autres, au contraire, n’ont pas été répondant à l’un comme à l’autre. A ce jour, aucun phénotype de ces patients, répondant ou non aux techniques manuelles, n’est encore établi. Ce phénotypage est une ouverture présentée comme souhaitable pour une étude future.
- Si les techniques manuelles, visant à corriger des dysfonctions ostéopathiques, appliquées sur l’ensemble des parties du corps humain, ne peuvent, à elles seules, être efficaces dans la prise en charge en ostéopathie chez les patients présentant une lombalgie chronique ou subaigüe, elles n’en sont pas moins utiles en raison de leurs effets non spécifiques. Une étude des effets du toucher pourrait, dans ce contexte, présenter un réel intérêt.
Si cette étude vient ébranler certains modèles théoriques utilisés en ostéopathie, elle ne remet en cause ni notre pratique fondée sur le contact manuel avec nos patients, ni les résultats constatés lors des consultations en ostéopathie. Elle permet, par le biais d’une démarche scientifique, d’apporter un éclairage nouveau sur la compréhension de notre pratique. Elle incite à passer d’un modèle centré sur le corps, visant à corriger des dysfonctions ostéopathiques, à un modèle centré sur la personne, en conformité avec l’évolution des principes ostéopathiques telle que constatée dans la littérature scientifique entre 1953 et 2002, insistant ainsi sur l’importance de la communication thérapeutique.
Nous continuerons plus que jamais notre combat visant à défendre l’ostéopathie et avons désormais les arguments nécessaires pour lutter efficacement, avec notre agence de communication, contre toutes ces publications totalement fallacieuses au titre accrocheur et limiter leur multiplication, leur propagation et surtout leur portée.
Le Conseil d’Administration