Téléconsultations: un exemple à ne pas suivre

Nous nous élevons depuis plusieurs mois contre la volonté de certains ostéopathes de nous intégrer dans les professions de santé.
La publication d'un communiqué du Ministère de la Santé informant le public qu'à partir de 2011, il sera possible de bénéficier (sic !) de consultations par internet et de prescription médicale associée, nous conforte encore plus dans nos choix..

Quelle image les pontes du Ministère se font-ils de la médecine et des soins à la personne pour instituer une telle ineptie ?
C'est la négation même de l'humain qui s'exprime ainsi. Imaginer que le patient puisse être capable de décrire objectivement ses symptômes sur un simple mail est une pure illusion.
Que fait-on de l'examen, de la palpation, de l'auscultation ? De la relation patient-thérapeute ?
Les patients se plaignent que les consultations médicales ne durent pas assez longtemps, qu'on ne les écoute pas, qu'ils sont mal pris en charge. Et l'on voudrait que Sa Majesté INTERNET compense ces faiblesses. Est-ce parce que le web est spécialiste des virus ?!!!?.
On présente cette mesure comme le moyen de lutter contre la diminution du nombre de médecins. Mais c'est parce que la gestion de la démographie médicale a été une catastrophe depuis des lustres que nous en arrivons là. C'est l'incurie des services administratifs qui nous a conduit à une telle aberration.

Nous ne savons pas comment les médecins vont réagir mais cette information est riche d'enseignement pour nous, ostéopathes.
Cette décision peut tout à fait bénéficier aux ostéopathes, à condition que nous conservions nos valeurs d'écoute, de prise en charge, de qualité des soins, et d'humanisme : les valeurs de STILL.

Mais c'est aussi une excellente leçon qui nous montre combien il est dangereux de vouloir à tout prix être inscrit dans les professions de santé. Outre le fait que nous serions, par la toute puissance des lobbies médicaux et pharmaceutiques versés dans les professions paramédicales, nous ne tarderions pas à :
- perdre notre accès à la première intention et les maigres avantages que nous ont octroyés les décrets.
- être soumis à prescription
- être soumis à des quotas de consultations drastiques
- être soumis à des limitations de leur montant
- être soumis à des interdictions ou des limitations d'actes encore plus sévères

décisions que le Ministère justifierait au saint nom de la réalité comptable et du pragmatisme gestionnaire.

Alors, veillons à ne pas être entrainés dans ce maelström d'incohérence et de gabegie. Nous avons sûrement, à l'heure actuelle, pour asseoir notre profession, beaucoup mieux à faire en restant en marge de cette gestion absurde.

Dominique BLANC
Président de l'UFOF