Les Journées Ostéopathes de France 2024

Approche pluri disciplinaire autour de l'ostéopathie

Programme 2024

Foundation of Osteopathy, Philosophy, Tenets

Jason Haxton est le Directeur du Musée de l’Ostéopathie de Kirksville depuis 2001. Historien, il est également conférencier dans le domaine de l’ostéopathie et auteur de livres et articles. Jason Haxton nous présentera l’émergence de l’ostéopathie, sa philosophie et ses principes sous son regard d’historien.

Dr A.T. Still a écrit : « J’aurais pu progresser plus tôt en ostéopathie si notre guerre civile n’avait pas gêné le déroulement de mes études. Nous ne pouvons pas affirmer comment une chose apparaîtra jusqu'à ce qu'elle apparaisse, et alors nous constatons souvent que le plus grand bonheur fait suite à la plus grande peine et au plus grand malheur... Ce n'est que lorsque j'ai été éprouvé par le feu que je me suis débarrassé de cette stupidité, les médicaments. Ce n’est que lorsque mon cœur a été déchiré et lacéré par le chagrin et l’affliction que j’ai pu pleinement réaliser l’inefficacité des médicaments.

Certains diront peut-être qu'il était nécessaire que je souffre pour que le bien arrive, mais je pense que mon chagrin est venu d'une grossière ignorance de la part du corps médical. C'était au printemps 1864 ; La guerre m'avait été très miséricordieuse comparée à cet ennemi. La guerre avait laissé ma famille indemne ; mais lorsque les ailes sombres de la méningite spinale planaient au-dessus du pays, elle semblait choisir mes proches comme proies (…)”

Jason Ross Haxton

M.A., D.O. (h.c.)

La généalogie de l’ostéopathie ; d’où venons-nous ? qui sommes-nous ? où allons-nous ?

François Bel est Ostéopathe depuis 1993, enseignant en formation initiale et en formation continue, auteur du livre “Plaidoyer pour une ostéopathie vivante” aux éditions Sully. François Bel traitera des différents modèles historiques en ostéopathie et de leur évolution.

“À partir de visuels simples de type « arbre généalogique » ou de schémas de nos sources et des différents courants. On exposera les sources d’inspiration d’AT Still -issue de divers courants de l’histoire de la médecine. Puis les divers prolongements de l’ostéopathie dans plusieurs disciplines manuelles (la chiropraxie, la fasciathérapie, l’étiopathie, la cranio-sacral therapy, issues de l’ostéopathie) et enfin le pourquoi et le comment de l’émergence des différents courants de l’ostéopathie ((fascia, tissulaire, structurel, biodynamie, etc...). Et pour finir, nous tenterons de brosser un tableau des différents axes de recherches d’aujourd’hui et de demain. Tout en insistant sur l’importance de maintenir le cap du bateau ostéopathique avec la boussole de ces fondements posés il y a un siècle et demi par le fondateur.”

François Bel

Ostéopathe DO

Principes historiques et pratiques fondées sur les preuves, un mariage audacieux en ostéopathie ?

Rafael Zegarra-Parodi Rafael Zegarra-Parodi, est ostéopathe depuis 1997, membre du General Osteopathic Council (GOsC). Rafael est activement impliqué dans la formation et la recherche en ostéopathie (h index = 10). Il est chercheur affilié à l'A.T. Still Research Institute à Kirksville dans le Missouri (USA) depuis 2014 après y avoir occupé un poste de chercheur à temps plein de 2012 à 2014. Il est depuis membre du comité exécutif de DO-Touch.NET, le principal réseau de recherche basé sur la pratique des ostéopathes aux USA et a été éditeur associé de la principale revue scientifique en ostéopathie, l’International Journal of Osteopathic Medicine (IJOM) entre 2014 et 2024.

Son principal centre d’intérêt actuel est l'évaluation critique du principe ostéopathique « body-mind-spirit », réintroduit par la profession aux USA en 2002, afin de promouvoir des approches thérapeutiques centrées sur la personne, culturellement sensibles et fondées sur les preuves. Rafael est également le cofondateur de BMS Formation, un organisme français de formation continue professionnelle qui promeut des pratiques fondées sur les preuves, l’interdisciplinarité et l’interculturalité en santé.

“ L’objectif de cette présentation est de valoriser les principes de l'ostéopathie et nos compétences professionnelles spécifiques avec les données acquises de la science en n’exploitant pas uniquement le socle commun avec d'autres professionnels, tels que les physiothérapeutes et les chiropraticiens, dans la prise en charge des douleurs musculosquelettiques, mais en explorant également l'héritage culturel issu des médecines traditionnelles/autochtones (amérindiennes), introduit par A.T. Still lui-même. Face à un environnement professionnel et académique de plus en plus exigeant, avec l'émergence d'une monoculture scientifique comme conséquence d'une utilisation captieuse de l'Evidence-Based Medicine (EBM), une alternative est ici présentée en revenant au point de départ de l'ostéopathie avec une intégration de notre héritage culturel.

Le cadre conceptuel Cynefin est présenté comme un outil descriptif témoignant de la diversité des pratiques professionnelles observées en ostéopathie au sein de scénarios cliniques symptomatiques (douleurs musculosquelettiques) mais aussi asymptomatiques. L’utilisation du cadre conceptuel Cynefin en pratique clinique permettrait ainsi aux ostéopathes de promouvoir des approches fondées sur les preuves, centrées sur la personne et culturellement sensibles, fidèles aux principes historiques de l’ostéopathie.”

Rafael Zegarra-Parodi

DO, Co-Fondateur BMS Formation, Chercheur affilié A.T. Still Research Institute (USA), Editeur associé IJOM

L'ostéopathie en France ; un long combat encore inachevé

Dominique Blanc est ostéopathe depuis 1995, Président de l’association Ostéopathes de France et Vice-Président de la Chambre Nationale des Professions Libérales. Il a été administrateur de la Caisse Nationale des Allocations Familiales et de la Conférence Nationale de Santé.

Dominique Blanc

Président d'Ostéopathes de France

Mythologies Ostéopathiques

Pierre-Luc L’Hermite est ostéopathe depuis 2011, titulaire d’un riche cursus Universitaire et notamment Docteur de droit (2018), Doctorant en philosophie des sciences (2022-2025), enseignant Universitaire et en école d’ostéopathie, chercheur attaché au laboratoire Institut de Recherche France-Ostéo.

“L’ostéopathie n’est pas un mythe. Parmi les éléments qui autorisent à le penser, il faut considérer en particulier ceux qui attestent de sa réalité matérielle dont son histoire qui démarre le 22 juin 1874.

Si l’ostéopathie n’est pas un mythe, il existe pourtant des mythes de l’ostéopathie. Après une brève immersion, il est en effet difficile de ne pas voir que des représentations fantasmatiques sont légion dans ses rangs. Il se trouve que ce sont précisément les matériaux que cette communication s’est donnée pour ambition d’appréhender. Un mythe est un élément dont les propriétés seraient l’absence de fondements associées à une reproduction mimétique au fil du temps. Il s’accompagne souvent d’une injonction sociétale tacite : « Faites ainsi parce qu’on l’a toujours fait ». Il serait donc potentiellement fantaisiste, enjolivé, dans tous les cas : peu fiable, ou encore non attesté.

Une attitude vertueuse consiste à renoncer à des représentations chimériques dans l’intérêt des patients et de la compréhension de la médecine ostéopathique. Cette démarche qui se veut non stigmatisante cherche simplement à éclairer la compréhension de l’objet appelé « ostéopathie ». Rappelons à cet égard les propos du Pr. Touzeil-Divina : « Il ne s’agit évidemment pas ici d’affirmer que toute construction ou parole humaine est mensongère ou nécessairement et intentionnellement mauvaise ou trompeuse et il est encore moins question de nier l’existence d’un certain nombre de phénomènes ou de réalités mais de revenir sur leurs constructions, leurs interprétations ». Le mythe possède en effet une certaine fonction anthropologique permettant d’organiser la société, ou en l’occurrence une communauté, qu’il convient d’aborder.

L’investigation des mythes ostéopathiques à travers les récits qui les accompagnent devrait permettre de rendre compte de ce que Roland Barthes nomme des fausses évidences. D’autant plus que depuis 2014, les établissements de formation agréés ont l’obligation de se baser sur les publications scientifiques. Leur accueil ne doit pas certes se faire sans une vigilance de tous les instants, mais avec une certaine rigueur afin de construire une médecine qui épouse les sinuosités de son histoire, tout en conservant la sagesse de donner congé à des représentations extravagantes.”

Pierre-Luc L’Hermite

DO, Docteur en Droit de la Santé, Enseignant-Chercheur IRFO, IRPhil

Comment concilier science et tradition concernant l’approche de la tête en ostéopathie ?

Marco Gabutti est ostéopathe depuis 2002, obtient le Diplôme d’Ingénieur industriel en 1997, enseignant en formation initial et en formation continue, auteur de nombreux articles en ostéopathie, co-fondateur de l’organisme de formation Kookie learning, reviewer pour l'International Journal of Osteopathic Medicine (IJOM).

“Lorsque Sutherland a voulu attirer l’attention de ses confrères sur l’intérêt d’inclure la tête dans l’approche ostéopathique, il a rencontré d’abord une grande résistance. Sa persévérance a eu raison des réfractaires et le concept crânien s’est progressivement installé dans le cursus ostéopathique, jusqu’à devenir pour beaucoup un élément consubstantiel notre identité professionnelle. Bien que la pratique et la vision de Sutherland ait évolué tout au long de sa carrière, l’enseignement en formation initiale s’est cristallisé autour d’un modèle centré essentiellement sur la mobilité des os du crâne et les multiples dysfonctionnements qui peuvent découler d’une perturbation de la mécanique crânienne.

Ce modèle, devenu entretemps « historique », est aujourd’hui remis en cause à la lumière de connaissances qui n’étaient pas disponibles à l’époque. Nous nous retrouvons dans une situation où le savoir-faire manuel se retrouve lui-même en péril, faute de pouvoir s’appuyer sur un raisonnement plausible et opposable. Cette présentation est destinée à proposer des pistes et voies d’exploration permettant à l’approche manuelle de la tête de renforcer le socle sur lequel elle repose, afin qu’une grande partie du savoir-faire acquis au cours des décennies passées puissent continuer à être transmis et valorisé au sein des écoles d’aujourd’hui.”

Marco Gabutti

DO, MSc (Ind. Eng)

Après 150 ans d’existence de l’ostéopathie, qui sont les ostéopathes aujourd’hui ?

Agathe Wagner est ostéopathe depuis 2008, exerçant en libéral et en maternité à l’Hôpital privé d’Argenteuil, enseignante en formation initiale. Elle a également dirigé la branche française de COME collaboration, fondation de recherche internationale à but non lucratif, pendant 3 ans, au sein de laquelle elle a piloté le projet OPERA, publié en Juin 2023 et collaboré sur plusieurs projets de recherche en ostéopathie, et publié en revue, et en congrès.

“Les ostéopathes Français sont les plus nombreux en Europe. Dans son dernier rapport de 2020, l’OIA (Osteopathic International Alliance) a dressé un profil des ostéopathes dans le monde, basé notamment sur les données des études OPERA. Malgré leur nombre, les ostéopathes français n’y sont que très peu représentés, à cause du peu de données existantes à ce moment-là. Depuis OPERA France a été menée, et nous avons quelques éléments de réponse pour comprendre un peu plus qui sont les ostéopathes français : leurs données socio-démographiques, leurs formations, leurs pratiques, leurs valeurs, leurs patients... ouvrant sur des perspectives d’évolution possibles pour notre profession.”

Agathe Wagner

DO, première auteure de l'article issue de l'étude OPERA de COME Collaboration