Ostéopathie et orthodontie

Deux thérapeutiques complémentaires

Bouche souriante avec bagues othodontiques
En accompagnant le traitement orthodontique, l'ostéopathe participe à son efficacité

Chez les adolescents mais également à l’âge adulte, le traitement orthodontique entraîne des bouleversements importants sur le corps. Un impact qui peut être réduit grâce à l’ostéopathie.

Marion Guibard, ostéopathe à Lyon, nous en dit plus.

L’orthodontie nécessite-t-elle une prise en charge globale ?

L’orthodontie ayant pour but de modifier l'occlusion, elle entraîne des modifications importantes sur le corps du patient. En effet, dans les premiers mois du traitement orthodontique, la pose d'une contention génère des tensions musculaires dans la mâchoire, la loge antérieure du cou et les cervicales, imposant ainsi un rééquilibrage postural.

Par ailleurs, on observe systématiquement un repositionnement de la langue.

« Le serrage va par exemple générer la contracture des muscles temporaux et ptérygoïdiens, qui elle-même peut dégénérer, avec un risque de bruxisme, de subluxation du disque voire à terme, d’arthrose », décrit Marion Guibard. « Les grincements de dents, les cervicalgies à répétition, notamment matinales, et les difficultés à ouvrir la mâchoire sont des signaux que l’ostéopathe doit détecter ».

Quel travail l’ostéopathe peut-il mener ?

Le praticien va travailler à la fois sur la bouche, en intra-bucal, et sur les adaptations posturales.

En effet, au-delà d’éviter les dysfonctions ostéopathiques, le professionnel peut intervenir sur le rééquilibrage général du patient. La bouche et la langue font partie des principales entrées posturales. Or, la pose d’un appareil dentaire bouleverse cette situation : « l’ostéopathe peut permettre au patient de se réapproprier son corps et de mieux se situer dans l’espace ».

« Évidemment, la prise en charge se fait en fonction du patient », rappelle Marion Guibard. « Il faut être attentif aux dysfonctions cervicales, aux dysfonctions des pieds, des genoux, aux diaphragmes pelvien et thoracique… car elles sont liées aux entrées posturales », précise-t-elle.

Il existe également des techniques beaucoup plus complètes de rééducation prioceptive des ATM (comme on rééduque une cheville après une entorse, il est possible de rééduquer l'occlusion d'un patient), pour rétablir un fonctionnement optimal. Celles-ci peuvent être apprises à travers des formations spécifiques.

Quel rythme conseiller à son patient ?

« L’idéal est une séance le mois qui précède la pose, afin de rectifier les éventuels défauts de posture préalables, puis une seconde visite une dizaine de jours après la pose de l’appareil », répond Marion Guibard. Le délai de 10 jours vise à permettre au corps de s’adapter et de laisser le temps à la bouche d’être moins sensible. Ces rendez-vous peuvent être ensuite complétés par une nouvelle séance à chaque nouveau réglage pour débuter puis à un rythme régulier tous les 4 à 6 mois. « Idéalement, une séance doit avoir lieu dans le mois qui suit le réglage ».

Au moment du retrait, une ou plusieurs séances peuvent également être recommandées. En effet, « le retrait de la contention entraîne à nouveau une réadaptation postulaire ainsi que la libération des modifications musculaires ».

À savoir !

Certaines populations sont particulièrement affectées par la pose d’un appareil dentaire. C’est le cas des chanteurs, pour lesquels la place de la langue, des muscles de la gorge et l’ouverture des mâchoires sont essentiels. « Ils doivent donc bénéficier d’un suivi particulier », insiste Marion Guibard. Et de conclure : « Dans certains cas, l’ostéopathe est inclus dans le parcours de soins et travaille en collaboration directe avec les orthodontistes ».